Et si on bloquait le pays ? Pour rien…

Depuis toujours, j’ai eu un problème avec la grève.
Je crois d’ailleurs n’avoir jamais participé à une seule manifestation.

Est-ce que cela fait de moi une personne de gauche moins engagée? Je ne le pense pas. Est-ce que la grève est la seule solution? Pas sûr non plus. Y a-t-il d’autres stratégies? Peut-être… ou peut-être pas.

Pourtant, je ne peux pas ignorer l’impact des mouvements sociaux sur les avancées majeures de notre société. Soyons clairs : notre pays est un pays de droits. Et beaucoup de ces droits ont été obtenus grâce à des luttes sociales, parfois même à la limite de la révolte.

L’histoire le prouve :

  • En 1936, une grande grève ouvrière en Belgique a permis d’obtenir pour la première fois les congés payés, la semaine de 40 heures dans certaines industries, et la reconnaissance officielle des syndicats.
  • En 1960-1961, la grève contre la Loi Unique a profondément marqué le pays, renforçant l’idée que le pouvoir politique ne pouvait plus ignorer les revendications ouvrières.
  • En 2014, plusieurs journées de grève nationale contre le gouvernement Michel ont contribué à ralentir ou influencer certaines réformes, notamment sur l’âge de la pension et les politiques d’austérité.

Alors oui, faire grève a payé. Mais aujourd’hui, est-ce encore la seule arme efficace ?

Le monde a changé

Le monde de nos grands-parents est révolu. Celui de nos parents est un souvenir lointain.
Et nous, en vingt ans, nous avons vu débarquer internet, les réseaux sociaux, l’hyper-information.

Les discussions de café sont devenues des groupes Facebook. On peut le regretter, on peut le déplorer. Mais faire comme si ce n’était pas le cas, c’est une erreur.

Dans tout cela, comment a évolué le syndicalisme ? Franchement… pas beaucoup.

Quand on parle de grève, on imagine encore : des pancartes, des sifflets, des braseros, des trains bloqués, des zonings fermés… Parfois dans une ambiance plus proche d’une techno-parade que d’un vrai combat social. J’ai du mal avec ça.

L’expérience qui te marque à vie

Osons un comparatif un peu décalé : en foot, on dit que si ta première expérience dans un stade est réussie, tu resteras supporter à vie.

Alors imagine : ta première « expérience syndicale », c’est d’être bloqué enfant à l’aéroport et de rater tes vacances…
Il faudra beaucoup d’efforts pour changer cette image ancrée dans ta tête.

Mais attention : bouger, c’est vital

Bien sûr, je sais que rester passif face aux injustices peut nous condamner tous. Comme l’écrivait Martin Niemöller, pasteur allemand sous le nazisme :

« Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.
Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. »

En clair : si tu ne bouges jamais pour les autres, personne ne bougera jamais pour toi.
Et oui, cela aussi est vrai.

Alors, on fait quoi ?

Mon objectif ici n’est pas de donner des solutions miracles. Ce blog est là pour questionner, provoquer la réflexion, ouvrir des chemins.

Mais soyons lucides : La gauche a souvent un pas de retard.

Depuis longtemps, je dis que des partis comme le PS devraient avoir des réseaux sociaux à la hauteur de leur puissance électorale. Aujourd’hui, la bataille des idées se joue dans votre smartphone, pas seulement dans la rue. La droite, et surtout l’extrême-droite, l’a bien compris. Le Vlaams Belang a recruté des experts pour conquérir TikTok et Instagram.

Pendant ce temps… les syndicats en sont parfois encore à poster deux statuts Facebook par mois.
Pas vraiment la stratégie du siècle.

Le besoin d’espoir

Dans un monde qui se radicalise, les gens ont besoin de repères, de stratégie, d’un chemin avec de l’espoir. Moi, en tout cas, j’en ai besoin. Même si je suis conscient d’être un privilégié : c’est plus facile d’avoir de l’espoir dans une maison quatre façades que dans un appartement social délabré.

Rompre le cercle vicieux

Aujourd’hui, la droite traite les syndicalistes de fainéants. Et la réponse, c’est encore… faire grève. Résultat : on creuse encore plus la fracture. On enferme le débat dans une caricature permanente.

À un moment donné, il faudra trouver un autre chemin. À un moment donné, il faudra se remettre en question.

S’adapter ou disparaître

Le monde syndical doit évoluer. Trop longtemps, il s’est reposé sur ses acquis. Trop longtemps, il a préféré se perdre dans des jeux politiques internes entre gauche et extrême-gauche… au lieu de regarder la réalité en face. Pendant ce temps-là… ce sont les autres qui avancent.

Je me positionne clairement :

  • Les combats doivent évoluer
  • La stratégie doit évoluer
  • Tout bloquer, manifester, insulter ne peut plus être l’unique voie

Comme Darwin nous l’a enseigné : les espèces qui survivent sont celles qui savent s’adapter.
Le nier, c’est mourir.

Conclusion : et si on réfléchissait à d’autres manières de faire évoluer les choses?

Pas pour abandonner la lutte.
Mais pour mieux la mener.
Et surtout, pour la gagner.

Je n’ai pas de solution toute faite.
Cet article ne donne pas de mode d’emploi.
Il pousse à réfléchir, simplement.
Et moi, en tout cas, je resterai toujours disponible pour y réfléchir.

Mais pour que cette réflexion ait un sens, encore faut-il que celles et ceux aux manettes acceptent de remettre les choses en question.
Accepter que le monde a changé.
Accepter qu’on ne fait plus du syndicalisme comme nos grands-parents.
Et ça… c’est peut-être le combat le plus dur à mener.

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