Et toi, elle est à combien ta batterie sociale ?

J’ai pris un peu de temps avant d’écrire ce dernier article. D’abord parce que ce concept d’un article facile par semaine était sans doute trop contraignant. J’ai créé ce blog justement pour ne pas avoir d’obligation en matière de vidéos, de tournage, de rythme. L’objectif, c’était de prendre le temps.
Mais voilà, je me fixe un objectif… et ensuite je m’impose des contraintes qui vont exactement à l’encontre de celui-ci.
Ma vie, au final, est souvent pleine de paradoxes.
Bref, ça, c’était l’introduction de l’introduction. Pas du tout le thème de l’article.

Aujourd’hui, je voulais vous parler d’un concept que j’ai compris — vraiment compris — il n’y a pas si longtemps : la batterie sociale.

C’est quoi une batterie sociale ?

On parle souvent de charge mentale, de burn-out, de stress… mais il y a une fatigue plus silencieuse, plus insidieuse : celle qui touche notre capacité à être avec les autres.
Notre batterie sociale, c’est cette énergie qu’on utilise pour écouter, comprendre, rassurer, animer, diriger, répondre, créer du lien.
Et parfois, elle est vide. Complètement à plat.

On ne sait pas toujours mettre des mots dessus. On a juste envie d’arrêter d’être en représentation, de couper tous les contacts, même les plus simples, même ceux qu’on aime bien.
Et le paradoxe, c’est que pour recharger cette batterie… on a parfois besoin d’autres êtres humains.
Alors, est-ce qu’il existe des « rechargeurs de batterie sociale » ? Peut-être bien.

Avant d’aller plus loin, j’ai voulu poser ma définition.

La batterie sociale, c’est ce réservoir invisible qu’on vide chaque fois qu’on interagit avec le monde.
Prendre un café avec un collègue. Aller à une réunion. Écouter un client. Participer à une fête de famille. Manger avec des amis. Animer une formation. Faire du networking. Répondre à des messages.

Tout cela pompe dans la batterie.
Et selon les périodes, les gens, les rôles qu’on endosse, elle se vide plus ou moins vite.

Dans nos vies perso comme pro, il y a une pression implicite à « être là » pour les autres, même quand on n’en a plus la force.
On ose rarement dire :
« Je t’apprécie, mais là je ne peux pas. Ma batterie sociale est vide. »
Ce n’est pas de l’arrogance. C’est de l’écologie humaine. (Oui, osons les grands mots.)

Et je vous assure que cette phrase, j’ai eu mille fois envie de la dire.
Parfois, il y a des événements où, sans explication, on n’a simplement pas envie d’être là. Parfois même avec des amis très proches, des collègues qu’on adore, ou des membres de sa propre famille.

Et soyons honnêtes : si quelqu’un m’avait dit, il y a quelques années, « je t’aime beaucoup mais ma batterie sociale est vide », je l’aurais probablement mal pris.

Et pourtant…

Je me considère comme quelqu’un de très sociable. J’ai besoin d’interactions. C’est vital pour moi.
Mais c’est peut-être pour ça que je mets plus de temps à comprendre que certains puissent être vides avec moi.
Et pourtant, si j’ai besoin qu’on m’écoute… il faut aussi que j’apprenne à écouter les autres.
Et ça, c’est tout un travail. C’est ça, le vrai défi.

Les signes que ta batterie est vide

Voici quelques signes que j’ai repérés — chez moi, mais peut-être aussi chez vous :

  • Tu n’as plus envie de répondre à personne, même à tes proches.
  • Tu ressens une irritation démesurée pour des choses simples.
  • Tu ne parviens plus à te concentrer en groupe.
  • Tu repousses les appels, les messages, les réunions.
  • Tu veux juste… du silence.

À la fin de mon poste de secrétaire fédéral du Parti Socialiste, je pense que j’étais arrivé à un stade où ma batterie était tellement vide que je n’arrivais même plus à la recharger.

Vous voyez ce moment où votre iPhone est à 1 %, que vous branchez le chargeur 10 minutes, vous regagnez 4 ou 5 %, vous repartez… mais vous savez que ça ne tiendra pas la journée.
Eh bien, c’était ça. J’étais dans le rouge en permanence.

Recharger ne veut pas dire s’isoler

C’est une nuance importante.
Recharger sa batterie sociale, ce n’est pas fuir les gens.
C’est parfois juste :

  • Choisir des relations qui apaisent, au lieu de celles qui vampirisent.
  • Prendre un moment seul, sans culpabiliser.
  • Dormir, marcher, lire, ne rien faire.
  • Dire non, sans se justifier.

Et c’est là tout le paradoxe : chez certaines personnes (moi par exemple), la batterie se vide à cause des gens… et elle se remplit aussi grâce à d’autres.
Il faut alors apprendre à faire le tri.

Il y a des personnes, même très proches, qui consomment trop d’énergie. Comme une appli qui tourne en arrière-plan et vide ton téléphone.
Ton entourage ne doit pas être un ultra-consommateur.
Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas donner — bien sûr que si. Mais ça ne peut pas aller toujours dans un seul sens.

Il m’a fallu des années pour comprendre ça. Et surtout pour trouver mes propres moyens de recharger.

Le moment où j’ai compris

Il faut savoir dire non. Refuser, même si c’est « mal vu ».
Ne pas prendre un appel. Ne pas répondre tout de suite à un message.
Et même ça, c’est compliqué.
On vit dans un monde d’immédiateté.
Même les mails deviennent prioritaires sur ta vie de famille.

Et clairement, être accro comme moi au smartphone et aux réseaux sociaux n’est pas étranger à mes problèmes de batterie sociale. Mais ça, ce sera sans doute pour un prochain article.

Ce que je veux dire ici, c’est qu’il faut se connaître, s’écouter, se comprendre.
Et surtout, faire cet effort-là avec les autres aussi.
Accepter que leur batterie soit vide. Qu’ils n’aient pas envie. Que ce ne soit pas personnel.

Pour les communicants, les dirigeants,…

Ce concept de batterie sociale est crucial pour toutes celles et ceux dont le métier repose sur l’humain.

Quand ton rôle, c’est d’écouter, d’inspirer, de porter une vision, d’animer une équipe ou un collectif…
Tu as besoin d’une batterie solide.
Et tu as le droit de la recharger.

Sinon, tu deviens un faux-toi. Un professionnel vide à l’intérieur.
Et ça finit toujours par se voir.

Et toi ?

Aujourd’hui, j’essaie juste de ne plus faire semblant d’avoir de l’énergie quand je suis vide. Voilà ce que je voulais partager. Pas pour donner des leçons, mais pour mettre des mots. Pour aider à se comprendre. Pour inviter à ralentir.
Ce blog, je l’ai lancé pour ça. Pas pour produire à tout prix, mais pour prendre le temps d’écrire quand j’ai quelque chose à dire, et pas seulement quand l’algorithme le demande.

Alors je te pose la question, lecteur, lectrice :
Et toi, comment tu sais que ta batterie sociale est vide ?
Tu fais quoi, toi, pour la recharger ?

Écris-le, pense-le, partage-le.
Et si tu n’as pas la force aujourd’hui, ce n’est pas grave. On en reparlera demain.

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Une réponse

  1. Bonjour Thomas,
    J’ai lu avec beaucoup d’attention ton message, et je me suis profondément reconnu dans ce que tu exprimes.

    Comme toi, après plus de quarante années de militantisme et une vie professionnelle bien remplie, je ressens aujourd’hui un véritable épuisement social. Ma « batterie », pour reprendre ton image, est presque entièrement déchargée. J’essaie de traverser cette période du mieux possible, mais je dois reconnaître que cela reste difficile.

    Je n’ai plus vraiment envie de voir certaines personnes, plus envie de répondre au téléphone, plus envie d’organiser, d’écouter… Parfois, j’ai même l’impression qu’on me vide littéralement l’esprit. Cette sensation est lourde, pesante, mais je suppose qu’elle est le signe qu’un changement s’impose.

    Et pourtant, malgré tout cela, à 60 ans, je continue de croire que le meilleur est encore devant moi, à condition de m’entourer des bonnes personnes. J’ai fixé deux échéances claires : me retirer de la vie professionnelle à 63 ans, et mettre un terme à mon engagement politique à 65 ans. J’ai le sentiment que je suis en train de tourner une page importante… pour, je l’espère, en ouvrir une bien meilleure.

    Merci à toi pour tes mots. Ils résonnent fort en moi et m’aident à mettre les miens en ordre.

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