« Ok, mais elle l’avait un peu cherché, non ? »

Cette phrase, je suis convaincu que vous l’avez déjà entendue. Peut-être même déjà pensée. Qui n’a jamais vu une fille danser en minijupe et pensé « et après elle viendra se plaindre… »

Aujourd’hui, nous sommes le 8 mars, journée internationale des droits des femmes (et non pas « journée de la femme »).  Il ne sera pas posté un 8 mars car mon site n’est pas encore disponible, mais au final, quelle importance ?

Quelle importance, car même si je juge essentiel de le verbaliser à l’occasion d’une journée qui rappelle à tout le monde que les droits des femmes restent un combat, ce combat ne se limite pas à une seule date. C’est un combat quotidien.

Un combat qui ne me concernait pas… jusqu’à ce qu’il me concerne

Soyons honnêtes : pendant longtemps, je ne comprenais pas ce combat. C’était comme le racisme : des valeurs si éloignées des miennes que je ne ressentais pas le besoin d’en faire un combat personnel.Je ne comprenais pas non plus l’écriture inclusive, le point médian, les débats sur la féminisation des mots.

« Le problème, c’est qu’on mélange tout », me disais-je. « On parle d’harcèlement, et la solution, c’est d’écrire ‘avocat.e’ ? Sérieusement ? » Jusqu’au jour où j’ai eu une discussion avec mon père.

« Mais qui a écrit ces règles ? »

Je pensais avoir l’argument imparable : « Changer la langue française pour résoudre un problème de harcèlement, c’est du délire. Ce n’est pas un ‘e’ en plus qui va changer les mentalités. » J’étais persuadé d’avoir gagné le débat. Jusqu’à ce que mon père me réponde : « Ok, mais qui a inventé ces règles ? »

Silence.

Les règles de la langue française ont été établies par des hommes, à une époque où les femmes n’avaient ni droit de vote, ni droit au travail. La règle du « masculin qui l’emporte », est-ce seulement une convention linguistique, ou est-ce le reflet d’un monde où l’homme a toujours eu le dernier mot ? Alors non, je ne suis toujours pas convaincu par l’écriture inclusive. Mais maintenant, je comprends mieux ce combat. Et surtout, je ne m’y opposerai plus.

Ce que j’ai fini par voir…

Mais au-delà des mots, c’est la réalité qui m’a frappé. Voir mes filles grandir, repenser à ce que j’ai vu, ce que j’ai entendu, ce que j’ai laissé passer… Ça a tout changé. Et puis surtout, ouvrir les yeux sur ce que vivent les femmes, au quotidien.

Les « non » qui sont considérés comme des « oui ».
Les « elle rigolait, donc c’est qu’elle voulait ».
Les « tu as vu comment elle dansait, c’était un appel de phares ».

Ces phrases, je les ai entendues mille fois. Et la politique « exemplaire » ne déroge pas à la règle.

Et c’est là que le fossé entre les beaux discours du 8 mars et la réalité des comportements devient insupportable. Certains en font des caisses ce jour-là. Ils publient de longues déclarations, participent à des conférences, dénoncent le sexisme… Et puis, deux verres de vin plus tard, ce sont eux qui franchissent la ligne.

« Oui, mais j’avais bu un verre… » Super excuse. Alors ne bois plus.

Parler ou agir ?

Je vais poser une vraie question. Vaut-il mieux :
1️⃣ Se battre au quotidien pour le droit des femmes, mais en privé ne pas toujours être exemplaire ?
2️⃣ Ne pas en faire des tonnes, mais n’avoir jamais manqué de respect à une femme ?

La réponse évidente, c’est « respecter et combattre ». Mais dans la vraie vie, combien le font vraiment ?

Moi, j’étais clairement dans le second groupe. Je ne comprenais pas tout, mais ça me semblait évident qu’un « non » est un non.

Et pourtant, encore aujourd’hui, on entend : « Ce n’était pas clair… » « Elle rigolait… » « Elle l’a un peu chauffé, non ? »

Mais en fait, ce n’est pas le non qui doit être clair. C’est le oui. Si ce n’est pas un oui clair, alors c’est un non.

Et le pire, c’est quand d’autres femmes elles-mêmes minimisent : « Il n’aurait pas dû… mais elle dansait. » Donc danser, c’est un appel à être touchée ? On va dans un spectacle de danse, et on choisit un cadeau avant de partir ? Rien que d’écrire ça, ça m’énerve.

Un combat du quotidien, pas du 8 mars

Tout ça, je l’ai vu et vécu trop de fois. Et sans doute que mes filles de 12 et 6 ans ont changé ma vision des choses. Si un jour, elles vivent ça… je ne réponds plus de moi.

Aujourd’hui, c’est le 8 mars.

Je vais voir des vidéos, des grandes phrases bien-pensantes, des politiciens fiers de leurs discours. Mais ce qui compte, ce n’est pas ce qu’on dit le 8 mars. C’est ce qu’on fait tous les autres jours.

👉 C’est rappeler à un ami que sa blague est de trop.
👉 C’est dire stop à un collègue qui va trop loin.
👉 C’est ne pas tolérer ce qu’on condamne publiquement.

Moi, je ne milite pas sur les réseaux, je n’écris pas en écriture inclusive, je ne fais pas de vidéos « engagées »…

Mais je ne me tairai plus.

Parce que défendre une valeur, c’est d’abord l’appliquer soi-même.

Et croyez-moi, ce n’est pas si simple.

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Une réponse

  1. Je te soutiens à 1000% et merciiiii et encore merciii pour nos filles !! Moi j’ai mon âge mon vécu .. pas la même époque mais merci pour le futur des femmes et de nos petites

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