Le problème de la démocratie, c’est qu’il faut être élu

Lors de mon premier conclave budgétaire, quand j’étais échevin des finances, du tourisme et de la petite enfance à la Ville de Charleroi, j’ai fait plusieurs propositions pour rationaliser certaines dépenses. Notamment, j’ai suggéré de diminuer la taille de certains services, dont le tourisme.

À la pause, quelqu’un dans la salle m’a glissé : « Si tu fais ça, tu ne seras plus élu. » Cette phrase, je ne l’ai jamais oubliée. Parce qu’elle résume, à elle seule, toute la complexité du système politique.

Un responsable politique doit prendre des décisions comme un chef d’entreprise. Mais, contrairement à un chef d’entreprise, il doit être réélu… par la majorité de ses « employés ». Prenez une seconde et posez-vous la question : voteriez-vous pour votre patron ?

Et si vous aviez la possibilité de le dégager tous les cinq ans, agirait-il exactement comme aujourd’hui ?
Et s’il n’agissait pas comme aujourd’hui, serait-ce pour un mieux ?

Intégrer la volonté de tous dans une gestion participative, est-ce un système qui fonctionne vraiment ?

Dans le privé, cela ne fonctionne pas comme ça… Une phrase qu’on entend souvent. Mais justement, la politique n’est pas le privé.

Compétence ou sympathie ?

Que voulons-nous vraiment d’un homme ou d’une femme politique ?

Quelqu’un de compétent ? Quelqu’un de sympathique ?

« Les deux », me direz-vous. Mais ce n’est pas si simple.

Et puis, un politique « qui travaille », c’est quoi ?

Quelqu’un qui est sur le terrain? Quelqu’un qui communique tout le temps ? Quelqu’un qui est enfermé dans ses dossiers ?

« Les trois », me direz-vous. Mais encore une fois, ce n’est pas si simple.

Communication vs action.

Aujourd’hui, le monde a changé. Certains scénarisent tout. Montrer ce que l’on fait… et parfois, montrer ce qu’il est bien de faire.

On pense en fonction des réseaux sociaux. On crée du contenu qui « va bien marcher ».On met en scène ses amis, sa famille, ses enfants parce que ça fait bien d’être un politique proche des siens.

On s’invente des combats. On s’invente même des problèmes… que l’on va soi-même résoudre.

Bref, la communication prend souvent le pas sur l’action.

Le politique veut être omniprésent, et le moindre jour sans communication est un risque de tomber dans l’oubli. Je ne juge pas, j’ai été moi-même dans cette dynamique.

Mais est-ce propre aux politiques ? Après tout, les réseaux sociaux sont principalement utilisés pour se faire voir… et pour se mettre en valeur.

Et vous, comment votez-vous ?

Prenez une minute pour réfléchir à vos cinq derniers votes.

Quel a été votre choix ? Par quoi a-t-il été guidé ? Avez-vous voté pour un ami ? Pour quelqu’un que vous appréciez ? Pour une personne que vous avez croisée une fois sur un marché ?

Vous êtes-vous posé la question de sa compétence et de sa capacité à gérer de multiples responsabilités ? Compétence vs popularité… vaste débat.

Le temps politique, un temps trop long ?

Une décision politique prise aujourd’hui portera ses fruits dans 10 ans. Ce n’est pas une métaphore, c’est une réalité. Mais dans ces 10 ans, il y aura une ou plusieurs élections. Ce qui signifie que les décisions impopulaires mais nécessaires seront rarement prises.

On peut dire qu’il ne faut pas penser aux échéances électorales… Mais c’est utopique. Ceux qui n’ont jamais exercé ce type de responsabilité critiquent facilement. Mais un politique reste un humain.

Se battre pour la démocratie

Beaucoup de constats… et malheureusement peu de réponses à apporter. J’ai envie de continuer à croire en l’humain. Mais je suis aussi tellement dévasté de voir que certains parient sur la bêtise humaine… et qu’ils gagnent. La montée des extrêmes en est une preuve éclatante.

Et pourtant…

La démocratie mérite qu’on se batte pour elle, qu’on reste vigilant et qu’on la protège. Mais elle ne peut pas devenir une vieille dame en danger, que l’on protège sans jamais la faire évoluer.

Il faut être audacieux et inventif. Et surtout, les politiques seuls ne peuvent pas y arriver.

Winston Churchill disait : « La démocratie est le pire des systèmes, à l’exception de tous les autres. »

Alors, comment la faire évoluer sans la dénaturer ? Je n’ai pas la réponse toute faite.

Mais une chose est sûre : je continuerai à y réfléchir et à faire des propositions.

Parce que si l’on se contente de constater les dérives sans agir, on devient aussi responsables que ceux qui en profitent. 

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